Jour 8 – Le col de la Martignare et la crête de la Buffe

Commençons par cette courte vidéo

«La montagne est déconcertante. Son paysage est plissé et secret. Les mots et les habitudes butent sur le passage des cols»

Jason Goodwin

Le col de la Martignare 〉 2878 mètres 〉 21 km

Si on avait eu à choisir qu’une seule randonnée que nous aurions la chance de refaire, notre choix aurait été facile: le col de Martignare et la crête de la Buffe.

Voici en résumé ce que les guides de la région ont à dire au sujet de cette randonnée.

«Cette longue randonnée assez alpine vous emmènera aux portes de la Savoie. Du col de Martignare, dans un décor lunaire, vous pourrez admirer les silhouettes altières des Aiguilles d’Arves. Cet itinéraire est à réserver aux randonneurs entraînés.»

Nous savons à quoi nous attendre cette fois et nous sommes préparés, nous nous empressons de partir un peu plus tôt qu’à l’habitude, la journée s’annonce longue.

En effet, ce sera un peu plus de 21 km que nous aurons à parcourir, sans compter les 1200 mètres de dénivelé positif, mais ce qui nous attend au somment et tout simplement sublime.

Les premiers kilomètres se font dans un champ où l’herbe et très haute, la rosée du matin ne s’est pas évaporée, nous constatons rapidement que nos chaussures et nos chaussettes sont détrempées. Flouk, flouk, on patauge. Même le short est mouillé.

On poursuit, le sourire aux lèvres.

La montée est longue et ardue. Nous devons affronter plusieurs passages techniques et traverser plusieurs torrents, le tout se fait sans heurt.

Le tracé que nous suivons sur notre guide touristique nous indique que nous aurons à traverser plusieurs talwegs.

Tal quoi?

Au retour, on s’empresse d’aller chercher la définition de ce mot que nous ignorons.

Talweg est un terme allemand, formé des deux substantifs Tal, signifiant «vallée»,  et Weg, signifiant «chemin», il signifie littéralement «chemin de vallée». En français, on dirait plutôt ligne de collecte des eaux. Les talwegs sont en grande majorité modelés par l’érosion fluviale et fréquemment occupés par le réseau hydrographique. Le talweg s’oppose à la ligne de crête, ligne de faîte ou ligne de partage des eaux. L’espace compris entre deux talwegs est appelé interfluve.

Un mot de plus à mettre dans notre besace.

Vers midi trente, on atteint enfin la crête de la Buffe. On s’en attendait, mais nous sommes tout de même plutôt étonnés. Notre dernière visite remonte au 13 septembre 2017. À la toute fin de l’été. Alors que nous sommes présentement au tout début. Ce qui veut dire que les trois sublimes kilomètres que nous parcourons sur cette crête qui nous enchante tant seront, en grande partie, enneigés. Ça ajoute à la magie.

Plus les randonnées comportent des difficultés – nombre de km, dénivelé, passages techniques – moins les sentiers sont fréquentés. Aujourd’hui, on a croisé qu’une seule personne, en fait on devrait dire aperçu, puisque le randonneur était plus haut sur la crête, nous étions, quant à nous en pleine ascension dans la rocaille.

Une fois la crête passée, nous amorçons la longue descente. Une descente des plus variées : champs fleuris, herbes hautes, pâturages, rocaille, descente vertigineuse sur des lamelles de pierres noires instables.

Une fois passé un minuscule bâtiment désigné comme étant une baraque de sel, alors que nous nous trouvons encore une fois dans les herbes hautes, on entend, tout près de nous, le bruit du feuillage qui s’agite, à notre grand étonnement – et au sien – nous surprenons une magnifique biche qui faisait la sieste, elle a vite fait de dévaler et une seconde plus tard elle se trouvait déjà loin. Elle s’est retournée une dernière fois, encore étonnée par notre passage. «Mais qu’est-ce qu’ils font ici ces deux-là?»

Les photos sont en ordre chronologique, les légendes sont au bas.

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