Jour 2 – Villar-d’Arène et le col d’Arsine

«La marche est inutile, comme toutes les activités essentielles.»

David Le Breton

Villar d’Ardène et col d’Arsine 〉 2348 mètres 〉 19 km

Moi et Jean-Luc n’en sommes pas à notre premier séjour dans le parc des Écrins, nous en connaissons tous les recoins, l’immense territoire de 925 km2 n’a plus aucun secret pour nous.

De véritables experts en quelque sorte.

C’est donc très confiant que ce matin, nous avons mis le cap sur Villar d’Arène, une randonnée que nous avions effectué lors de notre séjour.  On doit emprunter la voiture pour se rendre au point de départ, un trajet d’à peine 20 minutes. Le ciel est gris ce matin, mais les nuages ne semblent pas menaçants outre mesure, du moins pour l’instant. De timides éclaircies font même leur apparition.

Arrivé dans la petite commune de 287 habitants, on a vite fait de garer notre véhicule et sans même regarder les panneaux d’indication, nous amorçons la randonnée, accompagnés de Benoît et Anick, nous ne marchons pas au même rythme et décidons de nous donner rendez-vous, 7 km plus loin au refuge de l’Alpe d’Ardène pour y luncher. Avant de nous enfoncer dans la forêt, nous longeons une paroi d’escalade où de très jeunes écoliers font leur apprentissage. Équipés de leur baudrier et de leurs mousquetons, les jeunes escaladent en douceur la paroi rocheuse sous l’œil vigilant des moniteurs.

Le sentier que nous empruntons longe un cours d’eau tumultueux dont nous apprendrons plus tard qu’il s’agit du torrent de la Romanche. lˇabsence de balisage ne nous inquiète pas et nous poursuivons notre route pour bientôt nous apercevoir que nous ne sommes pas au bon endroit. Le sentier que nous devrions emprunter se trouve de l’autre côté du cours d’eau tumultueux, impossible à traverser. Nous nous résignons à rebrousser chemin, reprendre la route jusqu’au bon parking et fouler le bon sentier.

De véritables experts.

Encore une fois, les paysages sont un vrai délice. Nous marchons dans une vallée encaissée par d’immenses falaises, parfois entrecoupée de verts pâturages où déambulent une foule impressionnante de marmottes. Des deux côtés, de longues cascades d’eau dégringolent vers la vallée, ce bruit nous suivra toute la journée, parfois entrecoupé du chant des oiseaux et du sifflement des nombreuses marmottes.

Moi et Jean-Luc rejoignons le refuge bien avant l’heure du lunch, un panneau nous indique le col d’Arsin, nous décidons d’y aller. À mi-chemin, Jean-Luc est inquiet que nos amis gagnent le refuge avant nous, décide donc de rebrousser chemin. Je poursuis ma route.

Le sentier monte agréablement dans le mélézin le long du torrent du Petit Tabuc jusqu’au lac de la Douche. Ce lac (comme les lacs d’Arsine et le torrent du Petit Tabuc) a un couleur remarquable. Plus haut le glacier d’Arsine broie et polit la roche, c’est cette «farine glaciaire» qui donne cette très belle couleur turquoise laiteuse.

Après le lac de la Douche, le sentier se raidit, puis un long faux plat montant amène au col d’Arsine (2340m). L’eau est omniprésente et la vue est remarquable sur la montagne des Agneaux, le pic de Neige Cordier…

À peine arrivé, je redescends rejoindre mes amis au refuge.

Notre salade de quinoa, ratatouille et poulet est un vrai délice. Elle nous fournit le carburant pour amorcer notre descente.

À peine quelques centaines de mètres plus loin, nous apercevons un groupe de randonneurs qui descendent très lentement vers la vallée. Nous avons vite fait de les rejoindre pour nous apercevoir qu’il s’agit d’un groupe de randonneurs de l’âge d’or, ils défilent certes lentement, mais ils défilent tout de même! Accompagnés de leur guide qui leur donne des conseils, les passages sont étroits et escarpés, le guide leur enseigne comment manœuvrer dans ces passages à l’aide de leurs bâtons.

Voyant que je suis ralenti dans ma descente, le guide appelle ses troupes : «Attention, un chamois désire passer.» J’ignore encore si c’est un compliment. Je m’empresse de tous les doubler en les saluant au passage. «Le chamois est passé, on reprend la descente», annonce le guide après que je me sois exécuté.

Au loin, j’aperçois un autre grand groupe de randonneurs, ceux-ci viennent vers nous, ils semblent, eux aussi, manœuvrer plutôt lentement, je vais à leur rencontre, plus j’approche, plus je me rends compte que ces randonneurs sont de très petite taille. Il s’agit en fait d’un très jeune groupe d’écoliers de 5 ou 6 ans tout au plus. Que c’est réjouissant de voir ces petits marcheurs en herbe gravir les mêmes sentiers que nous ! Ils nous saluent poliment avec leur air espiègle. La randonnée, c’est vraiment pour tous les âges.

Pas besoin d’être un (soi-disant) expert.

 

 

 

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